ESAAIX

L’école d’art peut s’appréhender comme une fabrique du commun, dont la puissance initiatique, à l’égal de l’expérience esthétique, constituerait dans la vie de chacun·e une véritable rencontre individuante, capable de nous transformer profondément, nous et nos modes de sentir. L’art, en tant que médium de la relation, a cette faculté de décentrer et d’éclairer. Et une école d’art, à ce titre, doit être le lieu du réenchantement.

Inscrite au coeur d’Aix-en-Provence et jouissant d’une architecture exceptionnelle classée « architecture contemporaine remarquable » en 2019, l’ESAAIX, au travers de l’ensemble de son équipe, porte une naturelle attention aux paysages, à leur diversité, à leur occupation et à leur évolution. La pédagogie de projets qui en résulte, propre à initier de nombreuses expériences de recherche-création, irrigue littéralement la typologie des enseignements et la vie scolaire. Il est dans la culture de l’école de développer cette poétique de l’environnement au travers de dispositifs innovants et à partir de démarches pédagogiques situées. Les étudiant·es et les enseignant·es inventent des méthodes exploratoires pour travailler ensemble et produire des formes dans la confrontation des pratiques artistiques.

L’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence, en étant un formidable foyer d’expérimentation collective vise à être un établissement pleinement ouvert. Elle est un lieu en prise avec la réalité du monde actuel, ses bouleversements et ses questionnements artistiques. Les chocs et les dérèglements, sociaux ou climatiques, nous engagent à considérer autrement nos modes de coexistences et de fonctionnement. C’est en élargissant et en redéfinissant nos coopérations (localement, nationalement et internationalement) que nous relevons le défi d’une nécessaire adaptabilité de la vie d’une école aujourd’hui, dont la nature même est de demeurer en perpétuelle mutation.

Tout l’écosystème que forme l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence s’emploie à entretenir un précieux bouillon de culture où l’inventivité et la liberté sont les cellules souches. Ainsi, si l’école d’art a un rôle à jouer dans la société, par la formation artistique, intellectuelle et professionnelle des futures générations, c’est peut-être parce qu’elle est une indispensable gardienne, nous permettant de revendiquer, voire d’affirmer, à la suite d’Annie Le Brun : « Sauvons l’imagination, l’imagination sauve le reste ! ».

Barbara Satre, directrice